Sommaire
Commune à la frontière franco-suisse. Sur territoire français, elle est située dans le canton de Ferrette, département du Haut-Rhin. Sur territoire suisse, elle est une commune de Pleigne, district de Delémont. On y trouve les vestiges d'une ancienne abbaye cistercienne (1124-1792) dont la plupart des bâtiments se trouvaient sur le territoire actuellement français. Fille de Bellevaux, lignée de Morimond, diocèse de Bâle. L. est fondée en 1124 par les comtes de Montfaucon en Bourgogne, neveux de l'évêque de Bâle, Berthold de Neuchâtel. Située à cheval sur une frontière linguistique, L. joue le rôle d'intermédiaire entre Cîteaux et les régions germaniques. Quarante-six abbés se succèdent à la tête de cette abbaye qui compte près de 200 moines au 12e siècle, une centaine jusque vers 1350 puis entre 25 et 50 jusqu'à sa disparition. Dans les quinze premières années de son existence, elle fonde six abbayes-filles puis une septième à la fin du siècle. Son influence sur l'économie de la région n'est pas négligeable. Elle possède une quinzaine de granges en Alsace et dans l'évêché de Bâle, regroupées plus tard en cinq ou six prieurés-fermes. En 1526, L. achète encore la seigneurie de Löwenbourg, doublant ainsi son domaine. Lucelle était la plus riche abbaye d'Alsace après Murbach. Cinq petits monastères de femmes lui sont attribués comme prieuré et une quinzaine de paroisses sont administrées par les moines. L. a des liens de combourgeoisie avec plusieurs villes, notamment Bâle. Au 17e siècle, elle adhère à la Congrégation germanique de la commune observance, et l'abbé est visiteur de l'ordre pour les provinces d'Alsace, de Suisse et du Brisgau. Cependant, les guerres n'épargnent pas le couvent. En 1638, ce dernier est ruiné par la guerre de Trente Ans et la communauté est dispersée. Elle n'est de retour qu'en 1657 et s'installe dans une maison de fortune, remplacée entre 1700 et 1730 par une grande abbaye. En 1789, L. est vendue, ainsi que tous ses biens, déclarés biens nationaux, et en 1792, la communauté est dispersée. Les bâtiments conventuels et l'église romano-gothique sont démolis. Les autres bâtiments sont rachetés par des maîtres de forges francs-comtois en 1801. L'ancienne abbaye devient ainsi un site industriel. En 1824, la Société des usines de Lucelle et Bellefontaine passe aux mains d'industriels bâlois. Au milieu du siècle, L. comprend deux hauts fourneaux, deux affineries, deux scieries des ateliers et des dépôts. La population, 320 habitants, est à trois quarts employée par les usines. Mais la prospérité est de courte durée et en 1883, toute activité a cessé. Au milieu du 20e siècle, L. retrouve un nouvel élan avec la construction des chapelles St-Bernard (1960) et Notre-Dame (1968). Chaque année, la fête de St-Bernard y est célébrée avec solennité et attire beaucoup de monde. Aujourd'hui L. est un lieu de tourisme et un centre culturel.
Abbés de Lucelle
1124-(1131) Stephanus
(1131)-1175 Christianus
1175-1179 Alexandre
1179-1181 Archenfried
1181-1185 Conradus, Cuno
1185-(1191) Wezelo, Wernerus
(1190)-1221 Conradus
1221-1224 Berchtoldus
1229-1238 Richardus
1238-1257 Thyemo
1257-1268 Wernerus
1268-1286 Conradus Prudentia
1286-1292 Nicolaus
1292/93-1294 Jordanus
1294-1298 Petrus (Pierre d'Asuel ?)
1298-1303 Burcardus
1303-1319 Jean
1319-1336 Aymon, Haymo
1336-1340 Jean
1340-1349 Rodolphe de Wiggenheim
1349-1362 Jean d'Asuel
1362-1379 Jean
1379-1387 Rodolphe de Wattwiler
1387-1397 Nicolas Meuwlin
1397-1408 Stockhelm
1409-1443 Conrad Holzacker, Holziker
1443-1466 Nicolas Amberg
1466-1471 Jean Stantenat
1471-1495 Louis Jäger
1495-1532 Thiébaud Hillweg
1532-1542 Henri Sapper
1542-1566 Nicolas Rosenberg
1566-1573 Rodolphe Kuchenmann
1574-1583 Jean Kleiber
1583-1597 Béat Bapst
1597-1605 Christophe Birr
1605-1625 Jean Hanser
1625-1648 Laurent Lorillard
1648-1654 Norbert Ganbach
1654-1673 Bernardin Buchinger
1673-1677 Edmond Quiquerez
1677-1702 Pierre Tanner
1703-1708 Antoine de Reynold
1708-1751 Nicolas Delfis
1751-1790 Grégoire Girardin
1790-1792 Benoît Noblat
Auteur·trice du texte original: Emma Chatelain, 01/02/2006
Bibliographie
André Chèvre, « Lucelle », in Dictionnaire historique de la Suisse [publication électronique DHS], version du 8.5.2001.
François Kohler, « Lucelle », in Bernard Prongué (dir.), Le canton du Jura de A à Z, Porrentruy, 1991, pp. 140-141.
André Chèvre, « Lucelle », in Helvetia Sacra, III/3/1, 1982, p. 295.
Suggestion de citation
Emma Chatelain, «Lucelle», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://www.diju.ch/f/notices/detail/3882-lucelle, consulté le 10/09/2024.