Née Emma Sophie Berthe de Rutté le 7 mars 1857 à Saint-Blaise (NE). Décédée le 9 août 1938 à Saint-Blaise. Fille unique de Gottlieb Rudolph Théophile de Rutté, négociant fortuné, et de Sabine Marie Adelaide Haller. Mariage le 26 juin 1877 avec Léo-Paul Robert. Le couple a dix enfants, dont les artistes Théophile, Philippe et Paul-André.
Elle passe la majeure partie de son enfance à Bordeaux, où son père est installé pour affaires. Elle revient régulièrement en Suisse pour les vacances et séjourne dans les résidences familiales de Saint-Blaise et de Sutz (BE). C'est d'ailleurs dans leur demeure au bord du lac de Bienne, à l'été 1875, qu'elle fait la connaissance de son futur époux. Le couple s'installe au Ried, dans les hauteurs de Bienne.
Tout au long de sa vie, à l'instar de son mari, elle tient un journal intime. Celui-ci ne présente que de maigres références à sa pratique et à ses aspirations artistiques, mais elles sont suffisamment précises pour cerner son ambition principale : celle de « peindre du matin au soir »1. Bien qu'elle révèle être « possédée du désir de savoir peindre »2, elle manque cruellement de confiance en elle : « Ce matin, j'ai voulu me mettre à peindre une branche de cette espèce de petites jonquilles jaunâtres [...], mais la peinture me décourage vite, tant je m'en sens peu capable »3. Mère de trois enfants en bas âge, enceinte du quatrième, elle se rend à l'évidence qu'elle ne peut se consacrer pleinement à la peinture et qu'elle doit se concentrer sur son rôle de mère.
Elle passe quarante-six ans aux côtés de son mari, qu'elle soutient indéfectiblement. La littérature relative à la famille Robert la présente comme une femme de bonne éducation, pieuse et loyale, dont le fort caractère sied à merveille à la personnalité complexe de son époux. Elle apporte en outre une stabilité financière non négligeable à son mari, qui lui permet de développer pleinement son art en le maintenant éloigné de toute distraction superficielle, et fait preuve d'un sens aiguisé des affaires. A la suite du décès de son époux le 10 octobre 1923, elle part s'installer à Saint-Blaise.
Ses rares aquarelles conservées à la Fondation Collection Robert témoignent d'aptitudes de dessinatrice et d'observatrice ; nul doute que le fait d'avoir grandi au sein d'une famille d'artistes érudits ait renforcé sa propension pour l'art. Son œuvre fait montre en particulier d'un attrait pour l'illustration botanique et la représentation des oiseaux.
Notes
- ↑ Journal de Berthe Robert-de-Rutté, Sutz, mardi 6 juillet 1880, Nouveau Musée Bienne, Archives de la Fondation Collection Robert, Biel/Bienne.
- ↑ Journal de Berthe Robert-de-Rutté, Paris, dimanche 5 mars 1882, Nouveau Musée Bienne, Archives de la Fondation Collection Robert, Biel/Bienne.
- ↑ Journal de Berthe Robert-de-Rutté, Paris, mardi 28 février 1882, Nouveau Musée Bienne, Archives de la Fondation Collection Robert, Biel/Bienne.
Auteur·trice du texte original: Caroline Ferrazzo, & Coraline Gajo, 30/06/2025
Bibliographie
Le contenu de cette notice est extrait (et par endroits sensiblement adapté) de :
- Caroline Ferrazzo, & Coraline Gajo, Bienne et les arts au féminin, Orbe, Château & Attinger, 2024.
Le DIJU remercie les autrices Caroline Ferrazzo et Coraline Gajo ainsi que les éditions Château & Attinger pour leur collaboration.
Iconographie
Léo-Paul Robert, Portrait de Berthe Robert, née de Rutté, 1883, huile sur toile, 65x65 cm.
Suggestion de citation
Caroline Ferrazzo, & Coraline Gajo, «Robert-de-Rutté, Berthe (1857-1938)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://www.diju.ch/f/notices/detail/1004027-robert-de-rutte-berthe-1857-1938, consulté le 01/07/2025.