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Réforme et Contre-Réforme dans l’Evêché de Bâle

Réforme
En 1529, l’évêque de Bâle perd son autorité spirituelle sur la cité, passée à la Réforme (il a déjà abandonné en 1521 son pouvoir temporel sur la ville, devenue canton suisse en 1501). Les institutions épiscopales se dispersent. L’évêque transfère définitivement son siège à Porrentruy, resté catholique (diocèse de Besançon). Se rapprochant de ses biens en Haute-Alsace et dans le margraviat de Bade, le haut chapitre s’installe à Fribourg-en-Brisgau (diocèse de Constance) tandis que l’officialité (tribunal ecclésiastique diocésain) reste dans le diocèse, à Altkirch (Alsace). En 1528, Berne et Bienne adoptent la Réforme. C’est sous l’influence de ces deux villes et de celle de Bâle qu’une partie de l’évêché passera à la foi protestante, même si ont aussi joué des facteurs endogènes (poids des redevances ecclésiastiques, aptitudes et comportement du clergé…).
La majorité des seigneuries du nord de l’évêché (Ajoie, Saint-Ursanne, Delémont, Franches-Montagnes, Bellelay) restent catholiques, mais la vallée de la Birse (seigneuries de Zwingen, Pfeffingen, Birseck), soumise à l’influence de Bâle et agitée par les révoltes paysannes, se réforme, pour quelques dizaines d’années. Plus tard, la seigneurie de Franquemont, devenue en 1595 propriété de Frédéric de Wurtemberg, comte de Montbéliard, adoptera aussi les idées nouvelles.

Les vallées méridionales, elles, embrassent la Réforme (cf. cartes 14.1 et 14.2). Entre novembre 1529 et mars 1530, l’Erguël adopte la foi nouvelle, sous l’influence décisive de Bienne, combourgeoise du chapitre de Saint-imier, lequel disparaîtra. En mars 1530, la Montagne de Diesse passe à la Réforme, à l’instigation de Berne, qui y exerce un droit de cosouveraineté avec l’évêque. Berne soutient aussi les prêches de Guillaume Farel dans la prévôté de Moutier-Grandval, sa combourgeoise depuis 1486. Les Prévôtois adoptent la Réforme en 1530 et 1531, à l’exception des parties situées Sous-les-Roches (mairies de Courrendlin et de Corban, dans la vallée de Delémont) ; le chapitre de Moutier-Grandval doit transporter sa résidence à Delémont. Farel intervient aussi à La Neuveville, où les pressions de Berne, et de Bienne dans une moindre mesure, contribuent au succès des idées nouvelles en décembre 1530.

Organisation de l’Eglise réformée
Dans les premières décennies qui suivent la Réforme, le statut des Eglises réformées varie. Alors que les pasteurs de la prévôté de Moutier-Grandval et de la Montagne de Diesse dépendent de la classe de Nidau, sous autorité bernoise, ceux de La Neuveville sont indépendants. L’Eglise d’Erguël, d’abord soumise à celle de Bienne, se constitue en classe autonome au début du XVIIe siècle. Toutes ces régions suivent toutefois la confession helvétique d’orientation réformée (au contraire de Franquemont, luthérienne).

Contre-Réforme
Dans un premier temps, les entreprises contre-réformatrices de l’évêque Melchior de Lichtenfels restent sans effet. Son successeur Jacques-Christophe Blarer de Wartensee, au bénéfice d’une alliance avec les cantons catholiques (1579), rencontre plus de succès : il recatholicise énergiquement Porrentruy (qui avait entretenu un foyer réformé quelques décennies durant) et la vallée de la Birse. Par contre, l’évêque échoue dans sa tentative d’échanger la souveraineté sur Bienne avec Berne, contre la renonciation de LL.EE. à leur combourgeoisie avec la prévôté de Moutier-Grandval (1598). Les seigneuries méridionales resteront protestantes, la rupture de l’unité confessionnelle de l’évêché est définitive.

Réforme catholique
En parallèle à son action politique de « restauration » de l’évêché, Blarer impose la réforme tridentine : il convoque un synode diocésain à Delémont (1581), fait publier de nouveaux livres liturgiques (1583–1596), ordonne des visites du diocèse (1586–1589 et 1601–1604) et crée un collège de jésuites à Porrentruy (1591). Ses successeurs poursuivent son œuvre et fondent de nouvelles maisons religieuses : les ursulines (Porrentruy, 1619 ; Delémont, 1698), les annonciades (Porrentruy, 1647), les capucins (Delémont, 1626 ; Porrentruy, 1655).

Auteur·trice du texte original: Damien Bregnard, 25/08/2015

Dernière modification: 26/08/2015

Bibliographie

Werner Bourquin, Robert Gerber, Charles Simon (père et fils), La Réformation dans le Jura bernois. Quatrième centenaire de la Réformation bernoise, Berne : publication du Conseil synodal évangélique réformé du canton de Berne, 1928
Albert Bruckner (éd.), Helvetia Sacra, I /1, Berne : Francke Verlag, 1972
André Chèvre, Jacques-Christophe Blarer de Wartensee, prince-évêque de Bâle, Delémont : Bibliothèque jurassienne, 1963
Pierre-Olivier Léchot, « La Vénérable Classe d’Erguël durant le XVIIIe siècle. Mutations et crispations d’une Eglise réformée pendant les Lumières », ASJE, 2002, p. 213–246
Jean-Claude Rebetez (éd.), en collaboration avec Jürg Tauber, Reto Marti, Laurent Auberson et Damien Bregnard, Pro Deo. L’ancien évêché de Bâle du IV e au XVIe siècle, Porrentruy–Delémont : Fondation des Archives de l’ancien Evêché de Bâle, 2006
Charles-Alphonse Simon, Le Jura protestant de la Réforme à nos jours, [s.l.] : [s.n.], 1951

Suggestion de citation

Damien Bregnard, «Réforme et Contre-Réforme dans l’Evêché de Bâle», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://www.diju.ch/f/notices/detail/1003513-reforme-et-contre-reforme-dans-leveche-de-bale, consulté le 16/04/2024.

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Religion
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