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Jecker, Louis-Joseph (1801'1851)

Né à Porrentruy le 24 juillet 1801. Décédé à Paris le 13 mars 1851. Enterré à Porrentruy, au cimetière Saint-Germain, où sa soeur a fait élever un monument surmonté d'un buste en bronze, réalisé par Darcet. Fils de Xavier Jecker, meunier. Premières études au Collège de Porrentruy. Parvenu en philosophie, il est honoré de la médaille unique à l'effigie de Haller, décernée par M. de Jenner, bailli de Porrentruy. Quelques années plus tard, J. rejoint Strasbourg pour y poursuivre ses études. Il n'y réside que six mois, sa soif d'apprendre le conduisant à Paris, où il est simultanément bachelier ès lettres et ès sciences. Il y entreprend ensuite des études de docteur en médecine et en chirurgie. Elève particulièrement doué, J. obtient ses diplômes la seconde année déjà de ses études, année à laquelle il entre au service chirurgical de Dupuytren à l'Hôtel-Dieu. En 1824 et 1825, il est successivement reçu docteur en médecine, puis en chirurgie. En 1826, il décide de s'installer à Veracruz, au Mexique, en pleine guerre civile. Passionné par la chirurgie, il met son talent au service des blessés. Son courage et ses actes ne tardent pas à se faire reconnaître : il est remarqué par l'épouse du président de la République, qui le recommande aussitôt à son mari. Ainsi la clientèle des grandes maisons de Mexico, et celle des couvents les plus richement dotés, fréquente le cabinet du jeune praticien faisant ainsi son nom et sa fortune. Mais la gloire et l'argent n'étant pas l'essentiel pour satisfaire un homme tel que J., il décide de créer une école de médecine. A force de patience et de ténacité, aidé et soutenu par d'éminents personnages, il met sa fortune au service de la réalisation de son projet. La première école de médecine du Nouveau-Monde était née. J. y professe en espagnol. Il y enseigne longtemps l'anatomie, sa partie favorite. Protecteur des sciences, il envoie à Thurmann, son ancien professeur et ami, les plus beaux échantillons de minéraux pour sa collection et pour le Collège de Porrentruy qu'il enrichit aussi d'une quantité d'oiseaux des tropiques. C'est ainsi qu'il est à l'origine de la prestigieuse collection ornithologique du Musée jurassien des sciences naturelles à Porrentruy. J. est également un ami des arts. Il orne ses galeries de peintures et de gravures les plus rares, parmi lesquelles l'oeuvre complète de Marc Antoine. Il secourt aussi des artistes malheureux en leur achetant des tableaux médiocres au prix fort. Convaincu du bien-fondé du perfectionnement de la chimie organique dans l'art de guérir, il met à la disposition de l'Académie des sciences une importante somme d'argent. En 1838, il regagne l'Europe afin de retrouver sa famille. De retour à Mexico après une année d'absence, alors que les hostilités éclatent entre le Mexique et la France, il gère le consulat français et se charge de la protection des intérêts des négociants de cette nation, après le départ de son représentant. Il retrouve Paris afin de fréquenter l'hospice Beaujon, aux côtés du célèbre professeur Louis. Il y demeure définitivement à partir de 1845. Sa santé physique le contraint alors à renoncer à l'exercice de la médecine opératoire à la suite de la déformation de ses doigts par la goutte. A sa mort, il lègue cent mille francs à l'hôpital de Porrentruy, cent mille francs à l'administration des hospices de Paris et cent cinquante mille francs à l'Académie des Sciences de Paris (par testament, J. léguait deux cent mille francs mais ses héritiers obtinrent cette réduction). Le Prix Jecker est décerné dès 1857. Parmi les lauréats figure Jacques-Martin Bertelot pour ses recherches relatives à la production par la voie synthétique d'un certain nombre d'espèces chimiques existant dans les corps vivants (1861).


Auteur·trice du texte original: Joseph Chalverat, 09/12/2008

Dernière modification: 26/07/2010

Fonds d’archives

Archives de l'Académie des sciences, Paris

Bibliographie

François Guenat, « Des surprises dans la restauration d'une collection », in ASJE 1994, p. 33-58

Suggestion de citation

Joseph Chalverat, «Jecker, Louis-Joseph (1801'1851)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/6728-jecker-louis-joseph-18011851, consulté le 19/04/2024.

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