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Eglise Saint-Germain (site archéologique, Moutier)

Objet : église Datations : Haut Moyen Age, Bas Moyen Age, époque moderne Fouilles : XIXe siècle (not. 1859), A. Quiquerez ; 1960, A. Rais Collections : Musée jurassien d'art et d'histoire, Delémont ; British Museum, Londres (bible) Située sur la colline qui domine le bourg, l'ancienne collégiale de Moutier-Grandval fut édifiée à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle. Son architecture était romane et le monastère de Moutier-Grandval lui attenait du côté sud. Brûlée et restaurée plusieurs fois, elle fut désaffectée en 1534, dès l'adoption de la Réforme, les chanoines s'installant alors à Delémont. Par bonheur, quatre d'entre eux, en 1530, avaient transféré à Soleure le trésor de l'église, dont la bible de Moutier-Grandval et la crosse de saint Germain. Le bâtiment tomba en ruines, endommagé par la foudre. Mais le bâtiment demeura, propriété d'une famille prévôtoise, les Moschard. Finalement, une donation intervient entre le pasteur Henri-Louis Moschard et la paroisse réformée, en mars 1858, avec mention de l'obligation de restaurer et reconstruire la collégiale pour en refaire une église. Elle est donc reconstruite de 1859 à 1863. On a longtemps cru qu'en 1859, l'ancienne église avait été totalement démolie pour faire place à la nouvelle, consacrée en 1863. Or, en 1956, avant d'entreprendre la restauration de la collégiale, l'architecte Charles Kleiber fit faire quelques sondages sur les piliers. Et, sous le plâtre dont ils étaient recouverts, on vit apparaître de belles pierres de taille couronnées de chapiteaux anciens. Cette pierre put être retrouvée jusqu'à la frise courant de chaque côté de la nef. Ainsi, au siècle passé, on avait rebâti en utilisant les ruines de l'ancienne collégiale. Seule la tour à l'ouest avait été détruite tandis que l'abside centrale était reconstruite. D'après Ch. Kleiber, l'essentiel de la construction du XIIe siècle est resté : son plan, ses piliers et ses arches. Il s'agissait d'une basilique de style roman primitif, construite sur un plan de trois carrés et demi, avec huit piliers de chaque côté de la nef, réunis par sept arcades. A. Quiquerez, pendant plusieurs années, a étudié les ruines de l'ancienne collégiale. Il a remarqué un petit couloir, sous l'abside, partant de la nef et aboutissant derrière l'autel. Ce caveau, auquel on accédait par quelques marches, était d'une construction pareille à celle de l'église. Son entrée était fermée par une dalle. Ce type de caveau était appelé « confession », parce qu'on y déposait les corps des martyrs. A. Quiquerez signale également deux tombeaux. Le premier, situé devant l'entrée du choeur des moines, à gauche, était construit en pierres taillées et appareillées, avec une excavation pour la tête. Il renfermait le squelette d'un homme encore jeune. Sur sa poitrine reposait un calice et une patène décorée d'un agneau pascal. Il s'agit d'un calice de voyage du XIe siècle que les évêques et les abbés emportaient dans leurs pérégrinations. Le deuxième tombeau, situé vers le haut de la nef de droite, contenait les ossements d'une jeune femme morte en état de grossesse avancée et qui possédait encore une chevelure blonde tressée en nattes fines et serrées. Au cours des fouilles de 1960, les fondations de la « confession » de Saint-Germain, situées sous le maître-autel, ont été découvertes, ainsi que celles d'un jubé de 1 m de largeur, construit au début du XVIe siècle Devant le jubé, les soubassements de deux autels, dans lesquels se trouvaient des pierres sculptées, ont été repérés. Ces pierres provenaient d'anciens autels romans ou gothiques. Le tombeau maçonné, construit également avec des pierres sculptées en réemploi, et qui contenait le calice et la patène, a été retrouvé. Des restes du choeur des moines, placé devant l'abside centrale et dont le sol était revêtu de chaux rouge, ont été mis au jour. Et, au milieu de la nef, les fouilles ont révélé l'emplacement d'un four à cloches, « certainement antérieur au XVIe siècle ». Au XIVe siècle, dans la lutte qui opposa la ville de Bienne et ses alliés les Bernois à Jean de Vienne, évêque de Bâle, la Prévôté fut mise à feu et à sang. Une trêve intervint en 1376 et le prévôt de Moutier, pour marquer l'avènement de la paix, commanda une cloche, appelée Gawin, du nom de son donateur. Déplacée au départ des chanoines, cette cloche se balance depuis 1593 au clocher de l'église Saint-Marcel de Delémont. Voir aussi la notice Archéologie.


Auteur·trice du texte original: Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Ludwig Poget), 10/11/2008

Dernière modification: 02/11/2011

Bibliographie

Paul-Otto Bessire, « L'abbaye de Moutier-Grandval et les origines de la puissance temporelle des évêques de Bâle », in ASJE, 58, 1954, pp. 47-116 André Rais e.a., Moutier, hier, aujourd'hui, demain, Moutier, 1967 Alfred Holzer e.a. (éd.), Après Moutier-village, Moutier-ville (extraits de presse locale choisis), Moutier, 1974 Auguste Quiquerez, Monuments de l'Ancien Evêché de Bâle : églises (ms. transcrit par Marcelle-France Reymond, Milena Hrdina et Joseph Hanhart), 1983, pp. 7-64 Claude Juillerat, François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 www.orgues-et-vitraux.ch (novembre 2008)

Suggestion de citation

Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Ludwig Poget), «Eglise Saint-Germain (site archéologique, Moutier)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/6665-eglise-saint-germain-site-archeologique-moutier, consulté le 25/04/2024.

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Archéologie
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