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Toise de Saint-Martin, Forêt de la Paroi (site archéologique, Péry)

Objet : route, niche taillée, inscription Datations : époque gallo-romaine, Haut Moyen Age, Bas Moyen Age, époque moderne Fouilles : 1994, Service archéologique du canton de Berne (SAB) Collections : SAB, Berne ; Musée Schwab, Bienne Forme allemande : Martinsklafter ou Martisklafter (coordonnées : 586 025 / 224 350) Voie à rainures Des vestiges de l'antique voie romaine menant d'Aventicum (Avenches) à Augusta Rauracorum (Augst) en passant par Petinesca (Studen), Pierre Pertuis et l'Ajoie sont perchés sur un replat dominant le village de Frinvillier, à proximité du tunnel de la double voie montante de la nationale A16. A cet endroit, la route antique laisse apparaître plusieurs paires de rainures parallèles (entraxe de 107 cm environ), fonctionnant à la manière de rails lorsqu'elles sont profondes. En 1994, une campagne de fouilles a permis de dégager quelques mètres supplémentaires de la route. Les rainures sont partiellement taillées, ainsi que quatre marches visibles au sud, entre les deux rails principaux. Les marches facilitaient l'ascension des animaux de trait sur les pentes raides; leur usure étant inévitable, elles ont été retaillées. A un moment indéterminé, la route à rainures a été abandonnée et remblayée afin d'obtenir un niveau de circulation régulier et plus confortable. Trois autres remblais suivront, correspondant à autant de réaménagements. Ce passage fut délaissé vers le milieu du XIXe siècle avec la construction de la route cantonale enjambant pour la première fois les gorges du Taubenloch. Niche taillée dans la paroi calcaire et toise Sur la paroi rocheuse aménagée de main d'homme et bordant la route, on observe une niche carrée soigneusement taillée dans le calcaire. Elle présente une base horizontale, des parois régulières et une sorte de fronton triangulaire. Elle est surmontée par une profonde rainure taillée, mesurant entre 146 et 151 cm (intérieur et extérieur) ; elle est en légère inclinaison vers le sud-est. Sept encoches quadrangulaires, ayant 2 cm de côté en moyenne, ont été taillées à la base de la rainure et de part et d'autre de la niche. Elles accueillaient vraisemblablement une construction légère (appentis en bois ?) protégeant des intempéries le contenu de la niche. D'aucuns interprètent cette rainure comme une toise, en raison d'un texte médiéval (chronique de Justinger) mentionnant au tout début du XVe siècle le lieu-dit « sant Martins klafter », qui signifie en français: « la toise de saint Martin ». La niche aurait alors encore abrité une image ou une statue de saint Martin, soldat de la garde impériale romaine, devenu évêque de Tours en 371 apr. J.-C. Saint Martin et ses disciples ont, semble-t-il, joué un rôle important dans la christianisation de la Gaule, en opérant de vastes campagnes de destruction d'idoles et de symboles païens. D'autres pensent au contraire que la niche remonte à l'époque romaine et qu'elle aurait accueilli une statue ou une inscription, dédiée à Mars. A l'appui de cette version, on peut mentionner deux arguments : d'une part, en 1918, on découvrit dans des éboulis en contrebas un bloc de grès portant l'inscription suivante : MARTI M[ARCVS] MACCIVS SABINVS EX VISSV Soit : « Dédiée à Mars par Marcus Maccius Sabinus à la suite d'un songe ». Cette vocation pourrait bien être en relation avec notre site et à l'origine du lieu-dit Martisklafter transformé par la tradition chrétienne en Martinsklafter D'autre part, la « toise », ne correspond à aucune mesure de longueur connue. Ainsi donc, elle semble plutôt avoir servi d'ancrage, avec les mortaises encore visibles, à un auvent chargé de protéger la niche et la statuette du dieu Mars qu'elle contenait en un endroit vertigineux redouté des voyageurs. Voir aussi la notice Archéologie.

Auteur·trice du texte original: Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Raymond Bruckert et Ludwig Poget), 30/06/2008

Bibliographie

Auguste Quiquerez, « Routes celtiques », in Indicateur d'Histoire et d'Antiquités suisses, 12/2, 1866, pp. 68-69 Heinrich Türler, « Die Huldigungsreise des Fürstbischofs von Basel nach Biel und Neuenstadt, 1527 », in Neues Berner Taschenbuch auf das Jahr 1907, Bern, 1906 Albert Schenk, « La Toise de saint Martin », in ASJE, 1929 Henri Joliat, « Les vestiges romains du Jura bernois », in ASJE, 1942 Alban Gerster, « La Toise de saint Martin, commune de Péry », in ASJE, 1982 Joseph Luterbacher, Péry vue à travers les siècles, [Péry-Reuchenette], [1984] Martine Ernst (réd.), Les voies romaines : guide romain de voyage, Berne, 1992, pp. 38-41 Christophe Gerber, La route romaine transjurane de Pierre Pertuis, Berne, 1997 Claude Juillerat, François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 Raymond Bruckert, « La Toise de Saint-Martin », in Jura Pluriel, 35, 1999 Jean-Daniel Demarez, Répertoire archéologique du canton du Jura du Ier siècle avant J.-C. au VIIe siècle après J.-C. (CAJ n° 12), Porrentruy, 2001

Iconographie

Niche taillée dans le roc.

Suggestion de citation

Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Raymond Bruckert et Ludwig Poget), «Toise de Saint-Martin, Forêt de la Paroi (site archéologique, Péry)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/6155-toise-de-saint-martin-foret-de-la-paroi-site-archeologique-pery, consulté le 20/04/2024.

Catégorie

Archéologie
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